Source : livret d’accueil du Manoir
Le fumoir
Ce salon d’angle formait avec le billard « l’espace des messieurs ». De petite dimension, cette pièce est appelée « Salon Arnoult », du nom du notaire de Pont-L’Abbé, acquéreur du Manoir en 1847 et dont la fille épousa le colonel Astor en 1855. On observe sur la cheminée une très rare glace Napoléon III au fond, une coupe et une verseuse en émail sur métal.
Ici, l’ambiance masculine domine avec les pièces de mobilier et accessoires utiles au divertissement. Une table à jeux Louis XVI invite ceux qui ont abandonné le billard à une partie de tric-trac. Le tric-trac était le jeu favori de l’aristocratie au 18ème siècle. Un ami, assis à califourchon sur un meuble appelé voyeuse, d’époque Napoléon III, peut observer les joueurs. Ce meuble est aussi nommé fumeuse, car on pouvait cacher dans son dossier creux des cigares ou des boîtes d’allumettes. En face, une petite chaise Napoléon III, incrustée de nacre. A côté, un piano droit du 19ème siècle attend les mélomanes. N’oublions pas que le début du 20ème siècle fut une des grandes époques de la musique française, avec, par exemple, un nom comme César Franck. Au-dessus de la glace, un panneau de bois, élément de trumeau d’un décor du 18ème siècle, représente le char du vainqueur. Les boiseries reconstituées sont d’époque Transition. Le fauteuil derrière la table de jeu est d’époque Régence.
Dans ce salon s’exprime le goût de la famille Astor pour un style de peinture bien différent e ce qui peut être vu dans les autres pièces. On peut voir ici les toiles les plus anciennes des collections Astor. Sur les murs du fond, les tableaux appartiennent aux écoles du 17ème siècle, hollandaises (dans le style de Vermeer) et françaises (dans le style de Nicolas Poussin). En face, les tableaux appartiennent aux 15ème et 16ème siècles. L’école de Fontainebleau exprime un art de cour privilégiant les sujets mythologiques et non dénués d’un certain érotisme (Vénus jouant avec les armes de Mars, La courtisane et le Vieillard). Fra Bartolomeo est mort deux ans après Marignan (1517). Il se situe dans la continuité de Raphaël. Son travail annonce le maniérisme, notamment par l’emploi de couleurs acides (rose, bleu, vert) et par les poses un peu contournées de ses personnages. Les petits formats en dessous appartiennent aux écoles flamande (Jean de Mabuse) et française de la fin 15ème siècle – début 16ème siècle.
Le piano date de 1849. Il s’agit d’in piano Erard (piano oblique au la, finition acajou à moulures et balustres cannelées). Son numéro d’inventaire chez le fabricant est le 20578. Il avait été commandé par Monsieur Arnoult, le frère de la future Madame Astor.