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Source : livret d’accueil du Manoir

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Manoir de Kerazan

L’art de vivre au 19ème siècle

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Le Manoir breton dans lequel vous pénétrez aujourd’hui fut légué en 1928 à L’institut de France, son actuel propriétaire, par le dernier occupant des lieux, Joseph-Georges Astor.

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Les archives nous permettent de connaître les habitants du manoir depuis le 15ème siècle. Sur huit générations, du 16ème au 17ème siècle, le domaine fut la propriété de la famille de Kerflous. Kerazan est une des plus anciennes seigneuries du Pays bigouden. Elle était vassale des barons du Pont (Pont-L’Abbé). Les seigneurs de Kerazan étaient les sergents féodés des barons du Pont à Loctudy, c’est-à-dire qu’ils étaient chargés d’assurer la collecte des rentes du seigneur sur la paroisse. C’est un Kerflous qui fit édifier les premiers éléments du Manoir, caractéristique de l’architecture bretonne contemporaine (plan en équerre, murs de granite, toit d’ardoise). Aujourd’hui, c’est l’aile droite du Manoir, à laquelle fur cependant rajouté un étage au 18ème siècle, qui est la plus proche de l’état d’origine. Elle date de la fin du 16ème siècle.

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Après les Kerflous, le Manoir eut pour propriétaire un sieur Jean Sauvaget des Clos qui vendit le domaine en 1647 à René Drouallen. Le mariage de sa petite-fille fit passer Kerazan aux mains des Le Gentil de Rosmorduc. L’un des membres de la famille de Rosmorduc combattit aux côtés de Montcalm au Canada sous le règne de Louis XV. Lors de la Révolution française, le dernier châtelain de Kerazan, Louis-Ange-Aimé de Rosmorduc, émigra pour combattre dans l‘armée de Condé contre les révolutionnaires. Il participa aussi aux soulèvements de l’Ouest. On remarque sur la façade du Manoir le blason de cette famille, martelé par les paysans.

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C’est au milieu du 18ème siècle que les Rosmorduc entreprirent de faire construire un second niveau au Manoir, en même temps que la façade tout entière acquérait un caractère plus classique (symétrie de part et d’autre de la porte). Cette façade témoigne de l’élégance et de la sobriété de son siècle : les seuls éléments d’ornementation sont deux bandeaux horizontaux et, aux extrémités, deux pilastres ornés de pierres de bossage. Les Rosmorduc firent aussi creuser les lucarnes dans le toit. Le parc à l’anglaise de cinq hectares date du 18ème siècle.

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En 1793, le Manoir fur confisqué et vendu comme « bien national ». Un architecte-entrepreneur de Quimper, Louis Derrien, s’en porta acquéreur. Son gendre, Edouard Le Normand des Varannes, introduisit la culture de la pomme de terre dans le pays. Il fonda des chantiers navals sur la rivière de Pont-L’Abbé et donna au petit port de Loctudy une impulsion extraordinaire. La féculerie qu’il avait fondée dans le parc – c’était la première en Bretagne – fut détruite sur ordre de sa veuve. Son Manoir fut mis en vente par sa fille pour régler ses dettes.

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Le Domaine fut racheté en 1847 par un riche notaire de Pont-L’Abbé, Alour Arnoult, qui entreprit de faire du Manoir une résidence somptueuse. La cour du Manoir fut restructurée. Sacrifiant à la mode du temps, on créa alors une pelouse arrondie vers l’est. Les plafonds du rez-de-chaussée (les pièces de réception) furent surélevés. L’aspect de la toiture fur modifié et les lucarnes du 18ème siècle agrandies. On creusa alors les oculi en zinc ouvragé dans le style Napoléon III et on fit aménager sur le faîtage une dentelle métallique. Victime de la tempête de 1987, celle-ci a été remise en place en 2008.

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La fille du notaire Arnoult, Noémie, épousa en 1855 un ancien militaire, Joseph Astor, futur sénateur-maire de Quimper. Kerazan devint alors un des pôles de la vie culturelle et mondaine de la Belle Epoque, fréquenté par les grands hommes politiques et artistes de la région. Leur fils, Joseph-Georges Astor (d’après les prénoms de son père et de son oncle), fut le dernier occupant du Manoir. On lui doit la construction en 1912-1913 de toute l’aile gauche, qui regroupait les communs (logement de service, bûcher, cellier, bergerie, étable, pressoir à cidre, atelier de menuiserie, écuries et remises). La tour, haute et massive, porte un belvédère d’où Joseph-Georges Astor pouvait contempler  son parc et le paysage alentour jusqu’à l’Océan.

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